
Se réorienter volontairement avant d'y être contraint ?
La robotisation, l’utilisation des processus d’intelligence artificielle et l’impact de la numérisation s’accélèrent et bousculent de plus en plus les services, après avoir changé le mode de production dans l’industrie.
Elle affecte profondément le monde du travail et les emplois – peu qualifiés mais pas seulement – en les transformant parfois vers des tâches à plus forte valeur ajoutée, en les supprimant, en en créant d’autres, avec comme conséquence la nécessité de se former en permanence pour assurer son employabilité et devenir ainsi acteur de son propre développement. Il est illusoire vouloir préserver certains emplois ; en revanche, il y va de la responsabilité de chacun de renforcer son employabilité.
Voici quelques exemples qui illustrent les changements en cours :
- Les
voitures automatisées transforment, voire remplacent l’activité
de routier, de chauffeur et de livreur. Pourtant le pilotage des
avions, largement automatisé, n’a pas abouti à la suppression
des pilotes…
- L’automatisation
des caisses dans les grandes surfaces affecte le nombre de
caissières, mais pourrait aussi transformer l’activité de celles
qui restent en les centrant sur la supervision des caisses et le
conseil aux clients ;
- Les
robo-advisors obligent
les employés de banque à se préparer à de nouvelles activités ;
- Les
robots mobiles de surveillance remplacent les agents de sécurité
dans les entrepôts ;
- La
domotique transforme la formation professionnelle des métiers du
bâtiment ;
- Les
conseils automatisés aux clients réduisent les emplois dans les
call-center ;
- La
traduction automatique, les lunettes connectées, les oreillettes
Bluetooth
(reliées au smartphone
et au Cloud
pour traduire ce que disent des interlocuteurs anglais, espagnols,
portugais…) modifient l’activité du traducteur, même si la
finesse sémantique échappe toujours à la machine ;
- La
distribution automatique des médicaments dans certains hôpitaux
universitaires suisses menace l’emploi des assistantes en
pharmacie ;
- Des
logiciels médicaux permettraient déjà de diagnostiquer certains
cancers (poumon notamment), avec un taux de succès jusqu’à 90%
contre environ 50% pour un médecin. L’activité des médecins
sera appelée à se centrer toujours plus sur la relation humaine,
dimension avec laquelle l’intelligence artificielle ne peut
rivaliser, mais celle-ci complétera toujours plus leur pratique
médicale et leur diagnostic ;
- Les
postulations en ligne, la lecture automatique des CV avec une
sélection standardisée de mots-clés, comme aussi l’utilisation
de certains logiciels (tel Precire) appliqués aux entretiens en
ligne (qui permettent d’analyser, décortiquer la forme et le
contenu pour en tirer un profil de personnalité), transforment
l’activité des responsables du recrutement. L’ubérisation plus
systématique du recrutement où chacun (qu’il soit employé de
l’entreprise ou non) pourra s’improviser chasseur de tête, avec
à la clé une prime mais aussi l’ouverture au copinage et à la
cooptation. La nécessite de repenser son champ d’expertise et sa
pratique s’imposent ;
- Des
logiciels comme « Quill » sont capables de produire des
articles financiers et des comptes rendus sportifs, menaçant encore
plus l’activité des journalistes déjà fragilisée par l’essor
des technologies de l’information et de la communication – qui
favorisent les pratiques du multimédia et les blogs amateurs ;
Le
marché de l’emploi est constamment en mutation et ne se développe
plus de manière linéaire. Il est indispensable que les systèmes
d’éducation et de formation professionnelle prennent la mesure de
ce nouveau virage en outillant les jeunes pour devenir
complémentaires de l’intelligence artificielle et non victimes.
Pour les adultes, davantage de passerelles et de perméabilité des
systèmes de formation faciliteraient la reconversion
professionnelle.
L’évolution
des professions et des fonctions est inéluctable. Certaines
personnes ont le potentiel intellectuel et la volonté de renforcer
leurs compétences et qualifications, d’autres ont moins de moyens
et sont plus hésitants à s’adapter. Chacun est appelé à trouver
ses marques et à anticiper voire créer et implémenter des métiers
d’avenir.
Faire
le point et ouvrir la discussion auprès du Centre Dupont pourrait
faciliter vos décisions et améliorer votre qualité de vie en vous
orientant vers des responsabilités peu automatisables mais qui
surtout fassent sens.
Dr
Elisabeth LEO-DUPONT, Spécialiste en cheminement de carrière FSP
- mai 2017